Animator
Exhibition with Mathieu Dufois, Elisa Espen, Laetitia Legros, David de Tscharner; link
Sept. 12-27, 2009
RTT, Brussels, Belgium


Images by Mathieu Dufois


(French version)

ANIMATOR

Animator réunit quatre artistes autour d’un même médium, le dessin. Cette exposition se propose de donner un aperçu de différentes appropriations du dessin alors que celui-ci est souvent mis à part, envisagé comme pratique indépendante des autres médiums ou considéré comme simple étape de travail. Le dessin peut être aussi matière à l’installation, l’animation, au volume et à l’interactivité. Bien qu’étant de fait une production en deux dimensions, le dessin se prête pour les artistes d’Animator à une dimension autre.

Mathieu Dufois se réappropie des séquences d'anciens films par le biais du dessin pour les reformuler et, de cette manière, marquer son désir d'accès à une période non vécue. Rita meets Marilyn est une installation graphique et animée, réalisée avec du papier de gravure plié, coupé, collé et dessiné à la pierre noire, salle de cinéma miniaturisée. L'animation diffusée à l’intérieur de la maquette est née d’une pensée fantasmagorique mettant en scène les deux actrices américaines, Rita Hayworth et Marilyn Monroe. Sa dernière vidéo, Le GraphitoScope, met en scène un homme cloîtré chez lui concentré à représenter et mettre en forme une maquette miniaturisée du décor de Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock. Le dessin se dévoile et se propage dans l’espace d’une chambre sous différentes formes – dessin à plat ou en volume, en empreinte ou encore animé – venant bouleverser et fissurer la frontière fiction/réel.

Le travail d’Elisa Espen est un jeu de retranscriptions et de reproductions d’images. Pour l’espace de la RTT, deux installations spécifiques coexistent en dialogue avec le lieu. Les dessins sur papiercalque, en suspension dans l’espace, démultiplient les mouvements; le plafond est investi de formes géométriques argentées. Le rond, le carré, le triangle se donnent comme la retranscription des touches record, stop, play… Le dessin devient l’air de rien une histoire de mouvement alors que l’animation peut devenir une histoire de dessin. Let’s play !

Laetitia Legros présente une installation de dessins sur plexiglas issus d’une intervention au Meix Roblin en France en août 2007. Cette intervention a pris la forme d’un protocole «à l’attention du visiteur-dessinateur». Deux par deux, chacun doit se placer d’un côté du plexiglas et dessiner au feutre blanc, d’un trait continu, les contours du corps de son partenaire. Soucieuse de rendre compte du corps et du mouvement par le trait, Laetitia Legros s’est ici littéralement désinvestie du dessin auprès des «visiteurs-dessinateurs». Seule compte leur participation sur la base de ce protocole.

Souvent lié à la pratique sculpturale, le langage plastique de David de Tscharner prend ses racines dans les films populaires et son histoire personnelle. Le dessin est plus largement un prétexte à l’expérimentation de nouvelles techniques où le volume tient généralement une place centrale. Avec Série Z, il décline des typographies sanglantes, de visuels morbides et de titres chocs issus de vieilles affiches de cinéma puis pyrogravés sur des objets du quotidien. La débauche, la violence et l'horreur s'immiscent dans la banalité : la table de cuisine de tante Suzanne est massacrée à coup de scie sauteuse ; les montants du lit de cousin Jean-Pierre sont brûlés au fer rouge…

Animator se veut une exposition de dessins qui dérange nos codes habituels de lecture du genre. Il s’agit pour chaque artiste de développer le dessin dans l’espace et/ou de questionner sa mise en mouvement. Par un travail de calques, de filtres, de retranscription, ils donnent à voir un imaginaire pas si éloigné de la réalité.

— R.N., septembre 2009.









Images by Mathieu Dufois.



Installation views with a work by Elisa Espen.




© Image cover: Djuna Barnes, from ‘Ladies Almanach’, 1928.