Dramator
One shot exhibition with Béatrice Bailet, Jean-Baptiste Biche, Danae Diaz, Frau Picha, Jeanne Susplugas; link
(French version)
DRAMATOR
Dramator est une soirée-exposition de vidéos et de performances. Le drame, vu à travers des fictions filmées, dessinées ou performées, est le point de départ de cette exposition collective. Chacun des artistes partage avec son ironie et son cynisme ses histoires pour le meilleur et pour le pire (rire).
Dramator fait suite à l’exposition Animator qui a eu lieu en septembre 2009 à la Salle RTT à Bruxelles, avec Mathieu Dufois, Elisa Espen, Laetitia Legros et David de Tscharner. Animator se voulait une exposition qui dérange nos codes habituels de lecture d’un genre, le dessin, trop facilement perçu comme une simple étape de travail ; Dramator perturbe nos propres rapports au corps, la représentation féminine et s’attaque à un tout autre genre : la tragédie.
Béatrice Bailet se met dans la peau de Rebecca Darlington – personnage inventé par quatre colocataires qui donne son nom à leur appartement Chez Miss Darlington, lieu de concerts, d’expositions, etc -. Belle et frivole, Rebecca Darlington joue dans cinq clip vidéos tournés chez elle, au cours de vernissages ou dans l’espace public. A l’occasion de DRAMATOR, Rebecca a convié une autre figure de fantasme, Ethan Cousin, bûcheron venu du Canada… D’un fantasme en naît un autre… Entre performance, installation et vidéos, Ma vie est un manège s’offre à nous à la manière d’une belle campagne publicitaire. La perruque blonde fera l’affaire.
Jean-Baptiste Biche compose des personnages étranges dans des univers excentriques et troublants proches du baroque. Ce soir, il présentera MVTATIONS réinterprétant la trilogie51+52, Cuore Nero et Rusalka entre performances réelles et filmées avec la composition d’un nouveau personnage... Créées à partir de ses dessins de femmes aux cambrures exagérées, portant des hauts talons, les performances de Jean-Baptiste Biche incarnent dès lors son propre fantasme.
Les vidéos d'animation de Danae Diaz mettent en scène des femmes, femme fatale ou femme banale (ou fatale et banale, selon). Dans Woman in Red, elle tournoie dans la classique robe rouge, qui tâche de sang la feuille de papier dans un rire frustrant. Dans As Every Morning, l'artiste découpe en dix étapes la journée lambda d'une femme interrompue quotidiennement par un drame absurde. Et l'histoire s'enchaîne en boucle. Drame sur drame.
Carlos Franklin, avec la Condition Féminine, raconte une malheureuse histoire de passion… « C’était plus la personne que j’ai connue, même pas celle avec qui je me suis marié. Je suis désespéré, je ne sais pas quoi faire ni où je peux aller… Franchement je ne sais pas qui a changé, peut-être c’est moi… Pourtant je l’aime. » D’abord une histoire d’amour, l’histoire tourne à un drôle de drame. La condition féminine racontée par des hommes se révèle folle et gaie.
Avec For Your Eyes, Jeanne Susplugas fait référence au monde de l’enfance et de ses atrocités. Une petite fille avec ses couettes blondes et son petit short sexy brandit un animal ensanglanté et sourit avec satisfaction. Une autre, armes à la main, découpe des poussins noyés dans le sang. Les scènes se découvrent sous l’air lancinant de la musique de Ramuntcho Matta et entre les apparitions d’yeux terrifiants d’une poupée.
Pour Dramator, les questions du genre, du rôle de la femme, du fantasme, du jeu des apparences se mêlent dans une douce folie. Que les artistes se mettent eux-mêmes en scène ou que ce soit une histoire d'images, il s’agit de faire part de petits récits sortis de leurs rêves et de leurs cauchemars. Le déguisement et le travestissement autorisent certains fantasmes alors que chantonne à nos oreilles un air, Nobody cares, Nobody cares...
— R.N., février 2010.
Images by Michel Reuss.