Naturalia - part 1
Exhibition with Magali Lefebvre, Glenda León, Jonathan Loppin, Miks Mitrevics; link
(French version)
NATURALIA
Naturalia réunit quatre artistes qui questionnent le paysage à travers différents médiums : la photographie, l’installation et la vidéo. Naturalia désigne littéralement les « choses naturelles » et fait appel à une imagerie liée aux cabinets de curiosités. Les curiosités présentées dans cette exposition se donnent à voir comme diverses reconstitutions possibles d’un paysage mental.
Le thème du paysage dans l’art n’est pas si original. Développé particulièrement par les peintres du XIXème siècle, il est régulièrement choisi par les artistes et pour des expositions thématiques. Nous n’en avons cependant jamais fait le tour et le paysage prête toujours à la fascination et à la réflexion. Quand on évoque le paysage, on parle plus simplement de nature mais également de société, puisqu’il est précisément le produit de l’interaction entre l’homme et son environnement.
Avec la série Chemical Valley, Magali Lefebvre (France, 1980) photographie son sujet de prédilection : les bâtiments industriels, caractérisés par leur absence humaine. L’obscurité, la lumière et le cadrage transforment ces architectures industrielles en sites miniaturisés. Le temps de pause prolongé des photographies leur confère une lumière surnaturelle. Entre fictions et captations du réel, ses images ont une présence cinématographique, digne du fantastique.
Les vidéos de Glenda León (Cuba, 1976) sont les expressions d’un rêve. Dans Cada Respiro,une fleur pousse à chaque inspiration d’une jeune femme assoupie. Dirigir las nubes part d’un rapport de physique quantique qui assure que chacun d’entre nous peut, par sa simple volonté et son niveau de concentration, changer la forme des nuages. Dans cette vidéo, les nuages forment peu à peu la trace d’un planisphère…
Jonathan Loppin (France, 1977) s’emploie à déchiffrer la fabrication de notre monde par des dispositifs simples. 4h33 est un « lavabo-fontaine » relié à une prise électrique dont le système d’écoulement, en boucle, instaure une temporalité absurde. L’œuvre semble être la description d’un cauchemar : une eau qui s’écoulerait perpétuellement, non plus goutte-à-goutte mais comme une source intarissable. Halo est un dispositif composé d’une bouteille de gaz et d’un bloc de béton cellulaire, lequel est testé sur la durée à la résistance de la chaleur. Les expériences temporelles auxquelles l’artiste nous convoque jouent avec les rapports étroits entre rêve et réalité.
Quant aux installations de Miks Mitrevics (Lettonie, 1980), elles sont tournées vers les petits détails, les impressions sensorielles créées par les lieux, les éléments qui attirent soudainement notre attention. Elles se présentent comme des sortes de laboratoires d’expérimentations. Par ses installations composites, l’artiste interroge notre rapport personnel à la nature et au paysage – paysage ludique et poétique -, sans cesse transformé par l’homme.
Les œuvres de cette exposition s’offrent comme des notes poétiques sur le thème du paysage. D’une simple image référencée, les artistes portent à réfléchir sur notre propre rapport à l’environnement. Les jeux d’échelles – miniaturisation, agrandissements – conditionnent le visiteur vers une lecture distancée du paysage. Entre esthétique industrielle, expression poétique et positionnements écologiques, Naturalia est une histoire de jardin, un lieu d’échanges et de réflexion.
- R.N., mai 2010.
Images by Magali Lefebvre.