Post-scriptum
Exhibition with Jean Biche, Katia Bourdarel, Anna Byskov, Diana Chaumontet, Rachel Russell; link
May 9 - June 30, 2012
Jozsa Gallery, Brussels, Belgium


Images by Michel Reuss

(French version)

POST-SCRIPTUM

Parfois il y a encore un mot à dire alors que l’on pensait avoir bouclé l’histoire, une dernière respiration qui laisse à son lecteur une note essentielle comme dans les romans ou les courriers.
L’exposition Post-scriptum, dans la veine des naturaliae*, exprime un désir d’expositions dans lesquelles la dimension narrative est clairement présente.

Un quatuor d’artistes - Jean Biche, Katia Bourdarel, Anna Byskov, Rachel Russell – mêle leurs histoires parfois drôles, cyniques, atroces ou même idiotes.
Marilyn Monroe, au cœur de l’exposition, veille dans l’attente de la performance Good Girl, Bad Girl de Diana Chaumontet (le 8 juin à 19 heures). L’univers des artistes, emprunts de cinéma et de littérature, pousse le cri d’un The End hollywoodien sans le baiser langoureux, si ce n’est celui du papillon.

Le Baiser du Papillon, série de peintures et d’aquarelles de Katia Bourdarel (France, 1969) confond mythologie, sexualité, féminité dans une inquiétante étrangeté. Renvoyant à Psyché, incarnation mythologique de l’âme et amante d’Eros, les visages hyperréalistes nous observent et nous défient. Sombre, une jeune femme cernée de papillons dévoile un rouge- gorge dans ses mains. « Le rouge-gorge mort retrouve des ailes inutiles dans les mains de celle qui l’a peut-être étouffé. » (C. Floren, 2008)

Dans History Fails, Jean Biche (France, 1985) portraiture la Maison Tudor. Celle-ci connut dans l’Angleterre élisabéthaine, une période de grandes incertitudes. Chaque personnage fut marqué par l’échec et l’on trouve dans ces portraits inachevés l’amertume d’une génération perdue entre deux âges d’or. Ainsi, Jane Grey (1537-1554) qui reçut une éducation aussi privilégiée que traumatisante, se faisait régulièrement battre ; mariée de force à un homme qu’elle déteste, elle est ensuite poussée par sa famille à prétendre au titre de reine d’Angleterre, avant d’être destituée par sa cousine Mary, qui la fait exécuter avec son mari et son père.

En résonance avec cette notion d’échec, Anna Byskov (Equateur, 1984) interprète la pièce de Witold Gombrowicz, Yvonne princesse de Bourgogne. Les images fragmentées du visage de l’artiste dans la peau d’Yvonne sont associées aux répliques adressées à la princesse haïe. Laide, bête, profondément mal, elle est assassinée par la famille royale, étouffée au cours d’un repas mondain par l’arête d’un filet de perche.
Ce pathétisme est également exploité dans La Piscine, vidéo dans laquelle un plongeon en amène un autre et encore un autre jusqu’à en perdre la face : « on grimpe sur le petit plongeoir on saute on remonte son slip on sort. » (Antonia Bellivetti, N. Quintane, 2004)

Quant aux vidéos mises en scène de Rachel Russell (Royaume-Uni, 1971), elles réinvestissent le burlesque et projettent le spectateur dans des situations absurdes. L’animation d’une peinture de Philip Guston, The Studio, ou encore une étrange scène clownesque trouble, inquiète. Dans un rapport à la performance vidéo, l’artiste aborde l’image comme un acte de représentation voire d’autofiction.

Au sein de cette exposition, des sujets présents dans les naturaliae – l’environnement, l’humain, l’amour, le temps ou encore la mort – sont des constantes.
Sans être directement reliée à une trilogie, Post-scriptum offre une ouverture vers la possibilité d’un échec. L’expression des sentiments, l’épanouissement sexuel, la réussite sociale et professionnelle conditionnent un mode d’existence. L’échec dans ces domaines est le plus souvent enduré et difficile à accepter. Heureusement, la possibilité d’échec ne signifie pas nécessairement échec et mat alors permettez-nous aussi d’en rire.

« Un autre jour, au sujet de la conquête amoureuse, Marc avait conclu, un échec vaut quarante succès. L’échec est annonciateur de ce qui viendra. »**

- R.N., mai 2012.


* Expositions collectives : naturalia – part 1 avec Magali Lefebvre, Glenda León, Jonathan Loppin, Miks Mitrevics & naturalia – part 2 avec Ruth Gómez, Collectif Hjort, Anila Rubiku, Ruth Van Moorleghem, Jozsa Gallery (2010, 2011).
** Yasmina Reza, L’aube le soir ou la nuit, 2007.










Images by Michel Reuss.




© Image cover: Djuna Barnes, from ‘Ladies Almanach’, 1928.