Summer school des 5 lacs - the publication
Artists book with the contributions of Io Burgard, Guillaume Greff, Fanny Maugey, Quentin Bob Mercier, Géraldine Py & Roberto Verde, Marta Van Tartwijk; edited in the context of Summer School des 5 lacs; designed by Marie Lécrivain; conceived with La Niche (Sylvain Baumann) & WIR collective (with Marie Lécrivain & Jean-François Caro); link
January 2022
Book launch at CRAC Alsace, Altkirch, France

Images by WIR collective

(French version)

SUMMER SCHOOL DES 5 LACS

Ce midi une partie des artistes déjeunent à Chaux-des-Crotenay (truite-frites). Deux autres travaillent à l’atelier aménagé dans le sous-sol de la poterie de Marie-Ange Baumann, située à Le Frasnois tandis que le reste de l’équipe est dans la maison à interroger le contenu de cette publication.

Ici, on parle d’araignées dont les yeux brillent comme des diamants, d’une tique qu’il a fallu retirer de la jambe de Guillaume, et de recettes de cuisine dont les repas collectifs ont marqué chaque soirée de la résidence. Comment dissocier les expériences entre elles ? Entre ce qui consiste de l’expérience du quotidien, du collectif, du territoire, que ce soit à travers la marche, la baignade, le vélo ou les nombreuses rencontres choisies ou totalement hasardeuses.

Ces artistes sont Io Burgard, Guillaume Greff, Fanny Maugey, Quentin Bob Mercier, Géraldine Py & Roberto Verde, Marta van Tartwijk.

Durant leur séjour du 16 au 27 août 2021 à Le Frasnois, chacun·e expérimente selon ses propres méthodes le contexte qui leur est proposé dans le village : l’atelier de poterie, la proximité des lacs et des chemins de randonnées.

Cette résidence a d’abord été envisagée neuf mois plus tôt par quatre personnes, Sylvain Baumann, artiste originaire de ce village, Jean-François Caro & Marie Lécrivain, traducteur, graphiste et éditeurs, et Richard Neyroud, commissaire d’exposition.

Le format d’une résidence à cet endroit s’est présenté comme une évidence alors que nous étions tou·te·s en pleine réflexion sur nos manières d’agir au cœur de nos pratiques artistiques, curatoriales et éditoriales. Le site était connu de chacun·e d’entre nous et pouvait devenir un lieu d’explorations pour les artistes, grâce à la présence de Marie-Ange Baumann, céramiste potière installée dans le village.

Le Frasnois est situé au milieu de lacs, de rivières, de cascades. Il y niche une population d’animaux sauvages, civilisés ou domestiqués, qui se déplacent à quatre pattes, à pied, en deux, trois, voir quatre roues motrices. Certains sont sédentaires, d’autres simplement de passage. Certains cherchent la proximité avec leurs congénères et affichent fièrement leur présence au monde. D’autres au contraire cherchent à disparaître, à se fondre dans le paysage, à la recherche d’un peu d’intimité ou d’autres formes de cohabitation.

La nuit, tandis que nous marchons sous la lune rousse, nos plantes de pieds deviennent des oreilles.

Les journées sont organisées au jour le jour en fonction des envies et des intérêts de chacun·e, où les temporalités peuvent se lier, se délier et s’entrecroiser. Le temps accordé à flâner, à nager, à vagabonder crée les conditions nécessaires pour réfléchir, lâcher prise, penser autrement, que ce soit dans les intérêts liés au territoire, ou bien par le simple laisser-aller des situations qui se présentent dans le flux de la résidence.

La rencontre avec Françoise Dubois de l’association ArchéoJuraSites nous a mis sur la piste d’un supposé Siège d’Alésia (on y croit) ; Christian Monneret, botaniste, a partagé son savoir des plantes aux propriétés multiples ; la quête des artisan·e·s sanglier·e·s francs-comtois·e·s nous guide à travers un savoir-faire pour la fabrication de sangles pour les Mont d’Or ; le loup s’est fait attendre dans les forêts environnantes ; les eaux du lac d’Ilay sont le lieu d’observation de spectres de lumière ; le temps est propice à l’écriture ; une roue de bicyclette joue de concert avec les cloches de vaches jurassiennes ; se baigner et flotter pour mieux penser ; partager des expériences culinaires qui ne s’oublient pas – tandis qu’aux alentours, la berce frémit au vent. Le temps n’est plus linéaire ; les épisodes se superposent ; tout participe d’une expérience collective qui ne se termine pas ici.

— WIR & La Niche, Le Frasnois, le 24 août 2021.








© Image cover: Djuna Barnes, from ‘Ladies Almanach’, 1928.